Le printemps est de retour ? Bonne nouvelle ! Il est temps de semer, tailler, repiquer, ébrancher, cisailler…
Le jardinage est l'un de nos passe-temps favoris. Cependant, il nécessite quelques connaissances en matière de réglementation, notamment des distances et limites séparatives avec nos chers voisins... qu'il vaut mieux ne pas se mettre à dos !
Quelles obligations légales devons-nous respecter ? Explications.
Distances légales
Les distances autorisées sont définies soit par une réglementation locale (décidée par la copropriété ou le lotissement, par exemple), soit par une réglementation générale (50 cm à 2 m du terrain voisin, selon la hauteur de la plantation).
Davantage de souplesse en revanche dans certaines zones fortement urbanisées (comme la région Ile-de-France), où le non-respect des distances minimales est autorisé à condition qu'il n'entraîne aucun trouble anormal de voisinage.
Bon à savoir : la distance est mesurée à partir du centre du tronc de la plantation (ou du centre de la haie), et jusqu’à la limite séparative des propriétés. La hauteur quant à elle est calculée depuis le sol jusqu'au sommet.
Non-respect des obligations
Si ces obligations de distances ne sont pas respectées, vous pouvez exiger (même en l’absence de dommage ou de préjudice), que les arbres soient arrachés ou réduits à hauteur légale. C'est la loi !
Une exception à cette règle : vous ne pourrez pas contraindre votre voisin si vos terrains respectifs appartenaient, à l’époque de la plantation, à une même propriété.
Vous êtes aussi en droit de mettre en cause sa responsabilité si les racines de ses arbres entraînent une dégradation sur votre parcelle (un problème d'humidité dans votre cave, par exemple).
Bon à savoir : pour les terrains situés en sites classés, secteurs sauvegardés ou aux abords d’un monument historique, tout abattage devra faire l’objet d’une demande d'autorisation auprès de la mairie.
Empiètement des plantations
Si les arbustes de votre voisin envahissent une partie de votre terrain, vous avez la possibilité de lui imposer de les couper. À ses frais bien entendu...
Et s’il fait la sourde oreille, vous pouvez l’assigner en justice, en vue de faire ordonner l’élagage et couper vous-même la végétation dépassant sur votre jardin.
Pour éviter toute déclaration de guerre, il est tout de même préférable de tenter de trouver avec lui un "terrain d'entente" !
Bon à savoir : si l'empiètement concerne par contre de simples brindilles, ronces ou racines, vous pouvez, sans nécessairement prévenir votre voisin, les tailler vous-même. Veillez simplement à ne pas dépasser la limite séparative commune !
Plantations en limite séparative
Un arbre (ou une haie) situé en limite séparative est présumé mitoyen, sauf si preuve est faite d'une réalité contraire. Sa propriété étant considérée commune (il appartient pour moitié à chacun des copropriétaires), l’entretien et la cueillette des fruits (ou des fleurs) doivent se faire à frais communs.
Mais quid des cerises du voisin auxquelles vous avez facilement accès ? Non ! Vous n’avez pas le droit de cueillir les fruits d’un arbre qui déborde sur votre propriété. Vous devenez en revanche propriétaire de ceux tombés, naturellement, sur votre sol !
Conservation possible malgré une distance non réglementaire
Votre arbre n'est pas placé à une distance autorisée ? S'il existe (et que l'infraction n’a pas été contestée) depuis plus de 30 ans, alors sa conservation devient possible et légale. C’est la protection trentenaire qui permet cette exception.
Différents moyens sont à votre disposition pour prouver l'âge de votre arbre :
- photos de famille,
- facture d’achat,
- expertises par des professionnels,
- constat de comparaison avec des arbres identiques (dont l’âge est déjà attesté),
- etc.
Attention : pas de renouvellement automatique ! La prescription trentenaire n’autorise pas, si l'arbre meurt, à le remplacer au même endroit, c’est-à-dire dans le non-respect des distances légales.
Traitement exceptionnel... pour arbre exceptionnel !
Selon l’association ARBRES, est considéré comme arbre remarquable celui qui est exceptionnel par son âge, sa taille, sa circonférence, son passé ou sa légende... et qui mérite une attention particulière et privilégiée, représentant un patrimoine naturel et culturel.
Alors, si vous estimez en avoir un dans votre jardin, n’hésitez pas à solliciter son inscription auprès de votre commune, afin qu’il soit préservé d’un éventuel abattage ou soumis à des normes très strictes en matière d’élagage.
À noter : l'association ARBRES (Arbres Remarquables : Bilan, Recherches, Études et Sauvegarde) a été créée en 1994.